mercredi 8 février 2017

Rap de rue / croise pas mon regard...

Crapules ( c'est le nom du groupe )

Je me suis dit qu'un peu de futilité bien vulgaire pourrait pas faire de mal entre deux posts sur Lorenz, et puis la collision entre le sérieux et le "subjectif" étant le gimmick fondamental de la Voie du Lézard, ça illustrera parfaitement l'ambiance...
Si les théories sur le comportement animal sont à un bout de ma Ligne de Pensée, à l'autre bout il y a le genre de comportements que l'on observe tous les jours, nos comportements dans toute leur diversité.
Pour vivre mieux avec mes pulsions agressives et supporter le calvaire qui consiste à se frustrer par peur d'y céder, j'ai développé une mentalité "masochiste" pour équilibrer le tout et pouvoir me dire à moi-même " tu vois: t'es pas qu'un sadique, tu peux aussi apprécier le POV de la victime...".
Dans cet état d'esprit, mater - et écouter - du rap de rue, c'est en prendre plein la gueule: insultes et provocations, postures intimidantes et cadrages en contre-plongée ( "ils" nous regardent de haut ) avec baffes et coups de pieds fréquents vers l'objectif...
Attention, je parle pas de Maître Gimms et des autres qu'on voit à la télé et qui squattent les ondes de Skyrock ( quand j'étais gamin, c'était une radio mainstream qui luttait frontalement contre Fun radio, comme les choses changent...). Dans le rap de rue, pas de voix retravaillées au point de devenir ridicules, pas de Bentleys avec des poufs vulgaires sur le capot, pas de manteaux de fourrure et de champagne. A la place: des voix pas bien maîtrisées qui forcent dans le grave, des BMs et des Mercos de location, des survet' EA7 et des casquettes Lacoste et presque pas de filles... Vraiment pas de filles en fait. Dans le rap les meufs c'est quand tu réussis...

Lochères Thugs

Par contre, ça parle business et territoires, clique de thugs et envie d'exploser, un malaise social vu comme une injustice de base ( "pourquoi les autres ont plus que moi?" ) une pure colère qui doit sortir ( j'espère qu'on sera d'accord que mieux vaut que ça sorte comme ça que par la violence "réelle" vu que c'est exactement ce que fais avec mon livre...).

J'imagine bien que je suis pas le genre de public qu'ils recherchent mais...quand on montre le genre de trucs qui illustrent ce post - j'invente rien, c'est que des montages de clips de Youtube - faut pas s'étonner d'attirer soit les ( nombreuses ) filles attirées comme des mouches par les mauvais garçons, soit des "divergents" comme moi...
Et puis on se refait pas, la petite frappe sexy, c'est un cliché homo usé jusqu'à la corde... Mon "partenaire" en a sa propre version, plus mâture et moins exotique racialement ( il est fan de Jason Statham... c'est le même mécanisme en moins extrême parce qu'il a moins besoin de "régulation" que moi...).
Si vous les aimez vraiment pas, voyez ce post comme une séance informative sur l'"ennemi"...

Bref, mes préférés du moment:
Beusta, tout en agressivité à peine contenue et roi du bout de langue  sur les lèvres, avec une imagerie à faire bondir le français bon teint:



et JHR, qui a commencé tout minot avec son pote Black Daddy ( nom du groupe: La Faya Criminel, tout un poème...):

devenu ensuite bien "archétypal":

petit passage au carpla pour braquage d'un bureau de poste et retour solo, voir son clip "dans ma bulle" et sa page Youtube:

captures d'écrans du clip en question:
On a les symboles "thug life": les portables de rechange et le cash, se faire la malle dans la BM...:
 du fétichisme de berline "de race allemande" ( l'expression vient aussi d'un rap de rue, sais plus trop lequel... ):

JHR aime sa voiture mais il aime aussi pas mal son corps, ce qui illustre une contradiction apparente du rap de rue: pas beaucoup de fille mais un étalage de "masculinité" omniprésente et de "camaraderie" genre meute de loups.., "Baby je t'aime" c'est bon pour les vendus qui vivent de leur musique!

Et en plus, je trouve que musicalement c'est au moins aussi bon que le rap commercial, sans parler d'une spontanéité dans l'expression qui fait du bien, une vraie sous-culture ( sans connotation négative à "sous" ) qui me parle: ils sont dans leur trip et y vont à fond et c'est "notre" système qui les a produit, pas la culture de leurs parents du  bled ou l'islamisme.
Des racailles des gansters des thugs etc...y'en a dans toutes les cultures un tant soit peu organisées, et sûrement de tous temps... C'est mécanique: les mâles du bas de l'échelle ( quelque soit le niveau de vie réel y'a toujours un bas de l'échelle ) sont à la fois "trahis" par leur milieu ( parents démissionnaires - et pour cause c'est les même de la génération d'avant - ou largués, services sociaux dépassés et mauvais exemples omniprésents ) et "victimes" de la psychologie des garçons: besoin de reconnaissance, de prise de risques et attrait pour la violence en général. Tu compenses l'image pourrie que les autres ont de toi  par l'association avec d'autres loosers pour former une structure parallèle type "bande de mecs/loups" dans laquelle chacun compense son handicap individuel et qui fini par former une force de frappe envers les autres et de création de respect artificiel.
Quand en plus ils sont "confrontés" à un état comme le nôtre, qui prétend "régler" la vie des gens ( leur fournir un toit, des revenus sans contrepartie, une liberté sans moyen d'en jouir, une égalité de façade à laquelle plus personne ne fait semblant de croire...) mais se révèle incapable de tenir ses promesses; le résultat est forcément explosif, avec une justification sociale "offerte" en cadeau à ce qui reste en fin de compte de bons vieux délinquants. Règle de base de la T.F. sociale: plus on prétend nous faire rentrer tous dans les mêmes cases et plus ceux qui n'en ont pas la possibilité s'éloigneront de la norme.

En bon admirateur du chaos, je trouve ça légitime et excitant et, tout comme eux n'ont pas volé le fait que je les matte et que la plupart d'entre "nous" les déteste ( notre rejet est aussi "naturel" que leur "colère" permanente ); "nous" n'avons pas volé le fait qu'ils nous crachent à la gueule et nous cassent les oreilles... 
correction: "On" a rien fait pour qu'ils deviennent autre chose... Je dis pas qu'il aurait fallu en faire plus pour eux mais il était "naïf" de croire qu'ils pourraient arriver au même résultat que nous, même à budget égal mis dans l'école: si tout le reste autour de l'école te détourne du "droit chemin", tu te tournes vers  la Stratégie Alternative, c'est ce que j'ai fais personnellement à propos d'autres sujets et ce que j'aurais fait si j'avais été à leur place... On choisi jamais les options qui s'offrent à nous, on choisis parmi les options...
Pour en revenir à la musique, je voudrais pas me faire passer pour un authentique amateur de rap, c'est pas ce que j'écoutes, en gros parce que je partage ni le quotidien ni l'état d'esprit des rappeurs, du coup ça m’atteint pas au cœur mais un peu plus bas, sous la ceinture. Je voudrais pas passer non plus pour un naïf,: moi aussi je les trouve pénibles 90% du temps et j'aimerais pas les avoir dans mon salon... J'oublie pas non plus que la violence en banlieue est pas que dans les clips.Mais c'est pas de ça qu'on parle...
Parce qu'en fait, tout ce que j'ai en commun avec eux, c'est la frustration et le besoin d'extérioriser ce qui me manque... Mais ce sont des mécanismes très puissants et universels, tout le reste s'est bâti "par dessus" - on y reviendra dans les posts détaillés sur Lorenz - et tout le monde les utilise mais par sur les mêmes objets...
De mon POV ( littéralement ), c'est le seul avantage à être décalé par rapport à la norme: on peut trouver des compensations, du plaisir et de la beauté là où les autres détournent le regard....
Et vu le bazar ambiant, le Monde me semble de plus en plus excitant, ce qui est en soi un mauvais signe....

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