mercredi 8 mars 2017

KONRAD LORENZ 4: les couples d'oies gays


Dernier post sur Lorenz.
Un exemple étonnant pour qui cherche à comprendre l'origine de l'homosexualité ( question légitime pour tout le monde et les homos en premier lieu et un problème logique "passionnant" pour qui s'intéresse à l'éthologie et à la psychologie évolutionniste) et pas le genre de trucs qu'on s'attend à trouver dans un bouquin sur l'agression ( encore que me connaissant, j'aurais dû m'en douter...).
p.212 à 215 de "l'agression une histoire naturelle du mal", donc:

Les oies cendrées ont un comportement spécifique appelé "cérémonial de triomphe", une posture agressive dont l'exécution et l'effet produit leur servait à l'origine à déterminer leur rang social ( ces oies vivent en colonies de couples avec une hiérarchie pour l'accès aux femelles et aux meilleurs nids ) et a évolué ensuite en cérémonial de séduction. Les oies mâles et femelles sont donc devenues "accros" au cérémonial de triomphe.
Il faut savoir en plus que les sexes sont visuellement peu différenciés chez les oies: pas de signe distinctif, pas de différence de taille, pas d'odeur ou de comportement spécifiques. Sauf un, léger mais qui va avoir des conséquences inattendues
Comme dans la plupart des espèces de vertébrés supérieurs, les mâles sont plus agressifs que les femelles, plus réceptifs à l'excitation produite par les manifestations d'agressivité de leurs semblables.

Or, le cérémonial de triomphe, qui sert à former des couples "hétéros" en vue de la reproduction, était à l'origine - c'est toujours le cas pour les comportements de séduction, voir le post précédent - un comportement d'agressivité et de compétition.

Quand un mâle croyant "impressionner" une femelle avec son cérémonial de triomphe l'applique par erreur à un autre mâle, celui-ci répond à la "provocation" et ils s'entraînent l'un l'autre dans une boucle d'excitation qui débouche dans leurs esprits somme toute limités par la formation d'un couple aussi stable que les couples mâles/femelles. Ces couples survivent à la saison des amours et de l'élevage des petits car " Au cours du Printemps ces jars apprennent finalement qu'ils sont incapables de copuler, mais pendant l'hiver ils l'oublient et, vienne le Printemps suivant, leur espoir naît de nouveau et ils recommencent leurs tentatives." ( Ca peut paraître cruel, mais ils ne s'en rendent pas compte, ils sont juste "super excités" ce qui est pas si mal...)

Comme toute la hiérarchie sociale des oies repose sur le cérémonial de triomphe, ces couples homos qui l'accomplissent de manière si impressionnante finissent par attirer des femelles "opportunistes" qui "profitent" de la surexcitation des deux mâles pour se faire féconder. Les couples de jars appariés finissent donc à la tête de familles bien placées en terme de succès reproductif et de position sociale...

Etrange exemple de mécanisme qui part d'un "problème technique" et aboutit à des comportements "contre nature" mais sans nuire à la reproduction...
Une réflexion de Lorenz à propos de l'homosexualité humaine, un peu cliché mais toujours vraie:
" On appelle homosexuel aussi bien le jouvenceau fardé aux vêtements efféminés qu'un héro de la mythologie grecque. Le comportement du premier ressemble à celui de l'autre sexe tandis que le second accomplit au contraire des actes de véritable surhomme."

( illustration du chapitre "I'm with You" )

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